Go Montpellier Go

Le mardi 24 Février j’arrivais à Strasbourg. J’avais alors quelques jours pour voir la famille et refaire mes bagages avant de repartir le samedi matin pour Montpellier. Le choc culturel dont parlait Bastien se faisait bien ressentir. C’était la deuxième fois que je vivais ça, mais impossible de s’y faire. Pour les gens qui comprennent l’anglais, je vous invite à lire ce post qui résume à merveille ce phénomène : Can you survive reverse culture shock ? Et les choses n’allaient pas s’arranger dans les jours suivants…

J’arrivais à Montpellier en début d’après-midi avec mon sac à dos et ma valise, et aussi 8h de train dans les pattes. J’avais planifié des visites d’appartement pour la journée, puis avais trouvé un point de chute sur internet chez des particuliers qui louaient leur… « studio » pour de plus courtes durées. Cette journée a été cauchemardesque. Je retrouvais la déchéance à l’occidentale dont l’absence en Chine est tellement désagréable. Il y avait toutes ces racailles autour de la gare, ces mecs chelous qui te demande des tunes dans la queue du MacDo, ceux qui s’engueulent puis se battent dans ce même MacDo, et tous ces regards assassins dans la rue. Les visites, c’était encore pire. Je venais de quitter mon méga 4 pièces tout équipé à Shanghai, et là on me proposait, soit un studio collé à une villa dont les propriétaires ont un fils trisomique et dont l’ancienne locataire venait de décéder, soit un appartement miteux au 1er étage de la baraque d’un type louche en chaise roulante qui me parle de ses problèmes financiers et qui parle de ses locataires comme d’une « communauté », soit d’autres apparts tout pourris à des prix exorbitants. Mais le pire était à venir. Mon point de chute, à deux pas de mon futur lieu de travail, c’était en fait le sous-sol d’une famille type « famille Adams ascendant ultra-cathos collectionnant les chats malades et sortant tout droit du 18ème siècle ». Le sous-sol avait entre 2m et 1m70 de plafond. Impossible de se mettre debout dans la « douche », et mieux vaut surveiller les araignées quand tu vas aux toilettes. Aussi bien en bas que chez eux, ça puait le vieux, limite le mort. Le jardin c’était une jungle et la nuit c’était pas du tout éclairé. Pour finir, les proprios, des parents d’au moins 60 ans et leur fils de 20 ans, avaient l’air de sortir d’un mauvais film d’horreur, tout comme leur intérieur d’ailleurs. Ils passaient leurs soirées tous les trois dans leur salon, avec une demi-douzaine de chats, dont un malade branché sur un appareil chelou qui imitait Dark Vador. Y avait bien sûr la pendule au tic-tac assourdissant, la tapisserie d’un autre temps, et les tableaux de Jésus, croix et autre délires religieux totalement flippants accrochés de partout. Très franchement quand je dis « cauchemar », je pèse mes mots…

Le lundi je commençais le boulot chez Ubisoft Montpellier. Là encore, pas de chance, mon chef était en arrêt maladie, rien était prêt pour mon arrivée, personne n’était au courant dans l’équipe, et c’est à contre-coeur que l’un d’eux a bien daigné s’occuper de moi ces premiers jours. Je peux vous dire qu’à cette époque, je regrettais très amèrement d’avoir choisi Ubi plutôt que ma Chine bien aimée. Fort heureusement, les choses allaient enfin s’améliorer tout doucement…

En milieu de semaine je trouvais un appartement très sympathique en ville, et j’emménageais en fin de semaine. Mon chef avait fini par revenir de son arrêt maladie, et il me présenta à Florent, c’est-à-dire celui dont j’allais reprendre le travail à son départ 4 mois plus tard. Et là je dois avouer que j’aurais eu du mal pour mieux tomber. Aussi bien Fabrice, mon chef, que Florent, sont des mecs géniaux sur tous les points. Et le reste de l’équipe était bien cool aussi qui plus est ! Enfin bref, tout ça c’est une autre histoire. J’étais enfin bien installé à Montpellier, j’avais été affecté au boulot, tout était réglé et rentré dans l’ordre. Le train train Montpelliérain s’était mis en marche…

Mon petit appart…
… qui me coûtait le triple de mon loyer Shanghaien !